En Slovénie, les conservateurs SDS du premier ministre sortant (et soupçonné de corruption finlandaise) Janez Jansa se prennent une veste. L’opposition d’hier, sociaux-démocrates SD et assortiment de libéraux LDS et Zares, avec l’appoint probable du parti des retraités (DeSUS) et des minorités, devrait former le gouvernement: dans la petite Knesset des Balkans, on retourne sa veste tranquille. A noter que les sociaux-démocrates ont piqué la place du LDS comme principale force d’alternance, notamment suite à l’implosion de ce dernier et à l’apparition de l’ovni Zares, «le parti de la réalité – nouvelle politique». Ce dernier, s’il adhère à l’ELDR (= libéraux-démocrates anglais, allemands, etc.), a aussi le soutien de Slavoj Zizek, le fils caché de Jacques Lacan et du sous-commandant Marcos.
Sur l’onomastique partisane, Emmanuel de Ngroung faisait remarquer que le Parti démocrate était battu par la Démocratie démocrate, alliée à l’Union démocratique pour la démocratie et aux Retraités démocrates. Dans un pays aussi funky que Derrick jouant à la belote avec le maréchal Tito, les logos sont, surtout, des linéales toutes bêtes, un signe très sûr de l’influence esthétique allemande. La Nouvelle Slovénie NSi a d’ailleurs piqué la typo de la CDU/CSU, qui ne l’utilise plus elle-même (on y reviendra dans cinq lignes).
En Bavière justement, l’Union chrétienne-sociale se prend la pire veste depuis 1954. Elle devra, pour la première fois depuis 1958, faire alliance pour gouverner l’État libre, auquel elle s’identifie avec autant d’obstination et de mauvais goût que la Fête de la bière et les crucifix scolaires. L’usure du pouvoir, plus que la concurrence d’un SPD atone, explique ce mauvais résultat; elle profite aux libéraux mais aussi à une dissidence d’«indépendants» dits «Électeurs libres». Les uns et les autres pourraient jouer les forces d’appui.
L’usure du pouvoir, ou juste l’abandon des recettes qui gagnaient, leaders maxime à la Strauss et Stoiber et logo à la police seventies inoxydable. Résultat, la moche réinterprétation de l’emblème de la CSU, et surtout l’immondissime logo des FW.
En Autriche, ce fut la course à l’échalote du populisme et de la réaction; dans laquelle, l’Union pour l’avenir de l’Autriche (BZOe) de Haider et le Parti libéral d’Autriche (FPOe) de Strache (dits «l’original» et «Heimat statt Schüssel&Brüssel») ont quelques longueurs d’avance, en dépit des concessions eurosceptiques consenties par les sociaux-démocrates au lectorat dit populaire de la Krönenzeitung. Ce sont ces menées qui ont fait éclater la grande coalition, formule dite proporz (le mot dit tout du caractère sémillant et enjoué de la vie politique locale), traditionnelle à Vienne.
Tous les partis démocratiques se tassent. Si la prorogation de la grande coalition SPOe + OeVP reste l’option la plus probable, les hypothèses d’une formule noire/bleue, comme en 1999, voire «slovaque» (socialistes + nationaux-socialistes, en quelque sorte) ne sont pas entièrement exclues.
Relevons que le SPOe, en bonne logique, introduit lui aussi le drapeau national dans son logo.