Freedonia

L’épreuve sous pression.

September 22nd, 2011

«Masterchef», malgré la sophistication de l’image, et l’existence d’un sujet (la bouffe), réitère comme toute la téléréalité la plus trash et la plus vide quelques messages essentiels sur ce qu’on attend des travailleurs français en 2011.

Adaptez-vous. L’émission saque avec la même détermination la popote bourgeoise à la Simenon (ringarde) et les cuisine exotiques (nombrilistes). Après 40 ans de nouvelle cuisine, 20 ans de fusion food et 10 ans de verrine, la seule planche de salut, comme chez Valérie Damido, c’est d’applaudir à la nouveauté qui te tombe sur le coin de la gueule. Comme un comité exécutif présentant les valeurs toutes neuves de la boîte, les chefs sont au total premier degré comme lors du dernier changement d’actionnaire.

Ecrasez-vous. Rien que le titre, déjà, aurait dû vous faire comprendre qu’ici, l’autorité à l’ancienne est aussi légitime qu’au «pensionnat de Chavagnes». Face à la hiérarchie (entièrement masculine, sauf la standardiste collabo), vous êtes coincé entre le kapo sadique et veule, le beauf faussement rond, et le cadre sans état d’âme. Et la logique darwinienne de l’émission implique de s’aplatir devant eux comme une escalope (syndrome de Stockholm, «oui chef»), voire à l’occasion de jouer les serre-file («tu te tais, et tu bosses»).

Enrichissez-vous. L’objectif bien sûr est l’argent mais aussi, plus subtilement, la volonté d’avoir son fond de commerce. Comme dans un wet dream d’Hervé Novelli, tout le monde rêve petit et rêve entreprise (qui, un gîte rural, qui une boutique de cakes). Une richesse médiocre et pour soi tout seul, que vous auriez gagnée avec vos primes de Best Employee of The Month, aux dépens de vos collègues.

Soyez l’Eric Ciotti de l’étape. Venez d’Alsace ou de Nice ou du Vésinet. Bossez pour l’armée ou un chantier Bouygues.

En résumé : aimez votre aliénation. Votre passion n’est pas gratuite, elle est devenue votre gagne-pain. Votre aventure, c’est le turbin. Arrêtez de refaire la recette de votre mamy à la perfection, faites-vous un ulcère à foirer un crumble de poisson et demandez pardon.

La voix du nord

September 20th, 2011

Histoire d’assurer un peu de suivi, voici les résultats des législatives danoises, emportées par le Bloc rouge. On observe plus un déplacement des voix au sein de chaque tendance politique (et d’abord entre libéraux de tous poils).

A noter, le lifting du logo de la Liste d’unité (extrême-gauche), et le changement du nom des libéraux indépendants de l’Alliance libérale (ex-Nouvelle Alliance). Pour le fun, et parce que la majorité a failli dépendre d’eux, j’ai figuré les élus du Groëland et des îles Féroë, dont il a été parlé en leur temps.

Pour compléter les études de centrologie de la Fondation Robert-Fabre et aussi parce que c’est beau, un petit diagramme des fédérations des centres. Je suis sûr que j’ai oublié plein de trucs et me suis mépris cent fois, Jean Lecanuet me pardonne; je suis sûr aussi qu’on me corrigera fissa.

Pour une France juste (cliquer ici)

J’en veux à Strauss-Kahn de son comportement, parce qu’à cause de lui on ne parle plus des vrais sujets importants, comme le congrès du parti radical ou les municipali en Italie.

Cette histoire de Sofitel m’écœure plus que je ne saurais dire. Dans le nom déjà, il y a comme une invitation aux absurdes théories du complot dont SophCo est friande. SophCo est effectivement persuadé que tout cela est un piège de la Russie / de Sarkozy / de François Hollande / des trois, c’est comme pour Kennedy et le Crime de l’Orient-Express tout le monde est coupable.

Le plus grave, c’est cette fascination collective et morbide, et la mienne aussi, pour ce fait divers glauque. Twitter et la vidéo en ligne créent un monde d’immédiateté obscène, duquel les faits divers sortent vainqueurs, ou dans lequel tout devient fait divers (la chose la plus sensée que j’aie entendu dans cet ordre d’idées, c’est ça). Tout fait «Law & Order», d’ailleurs notre audience de l’audience de Strauss-Kahn est du même ordre qu’un exceptionnel audimat pour «Special Victim Unit», avec des cliffhangers incroyables mais vrais.

D’évidence, la victime présumée est et sera la principale victime, tout court, de cette soif dégueulasse et insatiable de scabreux, de ce storytelling permanent, de cette dramatisation du trivial (et inversement). On se moque bien d’elle, la défense de DSK la broiera (c’est la loi du genre), et puis on la renverra sans regret à son obscurité pour passer au scoop suivant. Pheel a fait un post très intelligent et sensible sur ce que devient la partie faible de ce type de procès, à propos de la jeune femme par qui l’«affaire Alègre» est arrivée. Cela m’a rappelé l’épisode de «South Park» sur le voyeurisme aux dépends de Britney Spears, épisode qui finit par le sacrifice de celle-ci pour obtenir de bonnes récoltes.

Au final, on épilogue ad nauseam sur une ou des histoires ignobles, dans un glissement insensible de la nouvelle importante à l’information secondaire au ramassage de la dernière des poubelles: le FMI tolère-t-il les agressions sexuelles? «Ophelia» (comme dans la télé-«réalité», les gens sont un prénom désormais, et même pas le leur) est-elle séropo? le salaud, il a aussi essayé de violer Tristane Banon! qu’est-ce qu’il lui a fait, au juste, et par quel orifice? (ah bon, sodomy c’est pas pareil qu’en français?)

Ces ténèbres sont enfin vertigineuses et terrifiantes pour moi, parce qu’elles me renvoient aussi aux limites que je sens de mes propres pratiques sur l’amour libre, le couple ouvert et la baise par ci par là. Évidemment, et heureusement, être un gringalet homosexuel lambda qui drague sans fin des steaks machistes ne présente pas les mêmes risques ni la même turpitude morale que l’érotomanie d’un homme de pouvoir arrivé. Mais ce que dit Hefez (au final, une difficile synthèse de l’analyse pulsionnelle à la Freud et du libertarisme) me frappe et m’effraye, parce que cela me touche de près. Comme le pouvoir chez Montesquieu, le désir va toujours à sa propre limite, la repousse sans cesse. C’est ce qu’on appelle jouer à se faire peur. Première sodomie, premier plan à trois, première choppe en plein air, premier accident de capote, premier mec avec un prince-Albert. Ou, aussi, le rocher de Sisyphe qu’est tout «palmarès»: il n’y a que le dernier pas qui compte. En compétition avec soi-même, ses propres complexes ou ses propres peurs (peur d’être laid, peur d’être seul, peur de mourir of course), on est perdant à chaque succès. La rectitude des gens chastes et fidèles me débecte et m’ennuie autant que je l’envie.

Go East

April 27th, 2011








A1: Juste après, j’ai eu le concours, finalement. Mais loin d’exulter, j’ai juste ressenti de l’incrédulité, tant j’étais persuadé de l’avoir à nouveau raté. Je n’ai, alors et maintenant, pas éprouvé de joie, mais un lâche soulagement.
A2: Dans le succès comme jadis dans l’échec, mes amis m’accompagnèrent.
A3: Le souvenir de notre conversation, déjà, s’estompe. On faisait un résumé des épisodes précédents («en votre absence…»), NippleLoki expliquait la précarité des enseignants.
B1: Bien sûr, on vous rappelle tout de suite, quoique entre les lignes, que la réussite au concours n’est qu’une illusion d’optique. Derrière l’exaltation républicaine et l’éphémère coup de fouet pour la confiance en soi, on sent très vite que le plus dur ne fait que commencer.
B2: Emmanuel de Ngroung, guide assermenté du Vieux-Paris, m’avait baladé depuis les bétons encore frais de la ZAC Rive Gauche, via les restos louches du Chinatown et les splendeurs seventies du 13e, jusqu’aux recoins charmants et Art Déco de Montsouris. Il connaissait chaque rue, pas encore chaque immeuble.
B3: Il y aurait donc, à l’est, du nouveau. Du nouveau tous les trois mois. Il me fallut prendre mon souffle, avant deux ans de pingpong géographique.
C1: Au Nouvel An, on avait pris du champ dans la gentilhommière de BoxingBoy. Elle était vaste et à moitié à l’abandon, luxueuse ici et décatie là, un peu hantée, comme un revers de fortune.
C2: Pendant que Maaxxx surveillait la situation sur le front de la e-drague ycaunaise, on cuisinait un cassoulet. C’était doux et rassurant comme de lancer un feu dans l’âtre.
C3: Les Nippon étaient débarqués tard avec le vin et l’air de Paris.
D1: En 2011, dans un dîner d’adieux à Paris, on criait plus fort que la table d’à côté, on mangeait des cochonnailles.
D2: SophCo prédisait sans cesse la retraite en bon ordre de son amourette, et sans cesse il semblait qu’elle dût se prolonger encore.
D3: Matthieu DC jouait les consultants en look pour François B2. «Tu laisses mon mec et ses nœuds de cravate tranquilles!»
E1: Comme Budapest, Vienne flotte dans un costume trop grand pour elle. Avec l’hiver (Budapest aussi, je l’avais visitée par grand froid), elle est par districts entiers comme désertée. Différence, dans mon souvenir Budapest est uniformément de la couleur dont se patinent les pierres et ne frappe que par la démesure des étages et des boulevards, alors que Vienne parvient avec la même bouffissure à charmer l’œil, peinte en cent nuances pastel improbables.

E2: Vienne, nid d’espion où les avenues sont surtout solitaires, comme un décor de film noir à la remise. On se croirait dans Le Troisième Homme: la nuit tombée, le glas des églises angoisse comme un pressentiment, et qui dans le noir rompt de son pas le silence, effraie. On se hâte sur les pavés gluants de neige fondue. Du haut d’appartements gigantesques et lointains, on a soulevé le coin d’un rideau pour observer.
E3 : Et vraiment, Vienne engloutit d’abord comme un Tanger continental, connecte en interzone louche, fait un repère pour les proscrits, les aigrefins et les taupes. Comme dans un roman de Pierre-Jean Rémy, les rues de Vienne cachent de curieuses vieilles boutiques de livres anciens, qui sont peut-être aussi une façade pour d’autres trafics. Ces antiquariats poussiéreux, encombrés, leurs couloirs plein à ras bord de grimoires, semblent perpétuellement fermés. Ils affichent les horaires d’ouverture bornés et tout théoriques d’une église romaine.
F1: Elle me semblait loin, l’utopie sociale-démocrate évoquée par Farkas, même quand je longeais en rentrant chez moi le square éponyme et les innombrables HLM municipales.
F2: Toute une sociabilité de café se révélait, mitteleuropéenne par excellence. Les cafés se faisaient tantôt salons de thé pour dames de patronage gourmandes, tantôt foyers de la lassitude lounge, pour la jeunesse des dimanches affalée sur les banquettes, se remontant à coup de mélanges. Vienne hésitait sans cesse entre petit Berlin et gros Wiesbaden.
F3: Car il y a, derrière la meringue immuable à la Sissi Impératrice, une autre ville, une capitale, certes provinciale, mais jeune, sympathique, vivante et décontractée.
G1: La ville, prisonnière de son passé, ou simplement plus chanceuse que Paris, a conservé l’art de l’enseigne.
G2: Il faudra d’ailleurs, mais une autre fois, détailler par le menu les cafés viennois.
G3: Ce n’est pas la ville de Freud pour rien. Il y a de la folie chez ces gens. Parfois, je me suis dit qu’ils sont frappés de crétinisme consanguin, alpin, et parfois j’y vois une neurasthénie fin-de-siècle qui les épuise de culture et de refoulement, un terrain fertile pour tous les fétichismes.
H1: «Les voyages ont ceci de merveilleux qu’ils vous font rencontrer des lieux inconnus qu’aussitôt vous fuyez plein d’effroi». (Elfriede Jelinek, Lust)
H2: Les mecs viennois. Puissants, racés, fiers mais bêtes, prêts à la saillie et au petit trot, ils semblent des chevaux de course au rencard, destinés à la réforme: toute cette belle énergie, ces beaux muscles tendus vers rien. On dirait des atlantes au chômage, qui pourraient tout faire : habitué SS du One-Two-Two, diabolique entrepreneur jeune premier chez «Derrick», champion de ski carnassier, patriarche à Wolfsegg. Ils sont les rois du monde.
H3: Alternativement, de gentilles gens de province, des HSH quadragénaires, hétéros dans la vie, un peu ploucs, solidement bâtis, têtes de chou, francs comme le pain et bons comme la messe du dimanche, comme une grasse matinée ; beaucoup d’ironie à leurs propres dépens, qui les rend un peu excentriques. Red Bull versus Bœufs roux.

I1: Le Machin hébergé par «Le Bidule»…
I2: … pour voir d’un peu plus près la Carrière à laquelle je m’étais, une fois ou une autre, destiné.
I3: Parfois il me semblait que, dans le concert d’oriflammes hivernal sur la piazza, le drapeau de Saint-Christophe-et-Niévès battait au vent plus fort que les autres.
J1: Le doute affleurait.
J2: Doute sur mon avenir professionnel, sur l’absence de choix qu’avait été une vie toute de devoir, doute presque métaphysique. «”J’étais capable par moments, sans avoir à faire le moindre effort, de voir au travers de la création qui n’était d’ailleurs elle-même qu’un formidable épuisement. ‘Par moments’, dis-je’.'» (Thomas Bernard, Perturbation)
J3: Et à Bruxelles aussi, dans le décor de plastique et d’amiante pour moi si beau des bureaucraties FrItaLux, je ne savais plus bien de quoi demain serait fait, ou devrait l’être.

«Wohlstandkinder»

February 23rd, 2011

A Hambourg, le SPD fait un retour triomphal à la tête de l’assemblée régionale. Dans ce bastion traditionnel perdu en 2008 (après 50 ans de règne continu!), le SPD regagne une majorité absolue et pourra gouverner sans les Verts.

Verts qui s’étaient alliés à une CDU localement moderniste. Cette première à l’échelle du pays avait laissé envisager la possibilité des coalitions écolo-conservatrices. Exit, la Jamaïque, la CDU sans son leader charismatique local, Ole von Beust, s’étant d’ailleurs pris une grosse veste. Le FDP fait lui un bon score, juste au-dessus de la barre pour rentrer dans la Bürgerschaft hambourgeoise. Reste à savoir si ce score est représentatif : 2011 étant une Superwahljahr, il ne faudrait pas pour Merkel que cette déconvenue ( qui confirme la perte par la droite de sa majorité au Conseil fédéral) se répète.

A noter qu’à Hambourg, cas unique dans la République fédérale, la section de Bündnis 90 / Die Grünen est tenue par la Liste alternative verte (GAL). D’habitude, ces listes écolo locales sont autonomes des Verts.

Les boums et les bangs

December 7th, 2010

Les douze travaux avaient tout de même pris fin. J’avais retrouvé la vie civile, aussi vite que le métro regagnait la ville. Institut du sport, Morgue, Austerlitz, Museum: là où le bien public prend doucement la poussière, où le soleil filtre parmi les verrières décaties. Puis Hammam, pour évaporer mon stress.






A1: Après l’épreuve de sport, j’avais pu arrêter la sobriété et reprendre une vie sociale.
A2: Maaxxx fêtait une promotion à coups de champagne et de petits fours du Bon Marché, son épicerie de proximité.
A3: «Est-ce qu’il se rend compte qu’il a un truc hyper-séduisant?»
B1: Au début, l’inquiétude était telle que j’en perdis le sommeil. Chaque nuit, je repassais le grand oral, soupesant la faiblesse de mes réponses, supputant la sévérité des sphinges du jury.
B2: Département SARL tardait à me trouver un nouveau job d’attente ou de rechange. Dans Paris, je promenais mon entre-deux administratif.
B3: Fin novembre, je me remis à dormir. Dans un cauchemar d’anticipation, j’ouvrais un .pdf d’échec sur le site de l’École.
C1: Les bureaux d’Alex Nippon rutilaient de linoleum et d’amiante.
C2: Popeck, Lully, Basquiat, Larry Clark, Kertész, Miroslav Tichy, collection De Mol van Otterloo. «On se retrouve aux Souffleurs?»
C3: A Drouot, un lot de chapeaux avait été emporté, à notre nez et notre barbe, par un SAPEur superbement accoutré comme un potentat équatorial.
D1: «Une perquisition mexicaine? Non…, y’a pas de ça chez nous.» Les condés continuaient de naviguer, d’un instant à l’autre, entre professionnalisme et gros doigts.
D2: A La Hague, vivante et calme, je revis enfin Rob.
D3: Tandis que l’affection culminait, la distance redoublée du manque d’argent créaient un grand écart.
E1: Après trois martini-dry, on s’exclamait: «C’est qui? on l’a jamais vu!? il est hyper mignon!» Pendant ce temps là, Morgie essayait les bonnets phrygiens oversize.
E2: Dans les Puces, devant Demy, devant un demi, Matthieu DC récriminait contre les rigueurs aveugles de l’amour et râlait sur son nouveau gagne-pain. Pendant ce temps-là, ShiningRubis ripolinait le showroom de ses rêves.
E3: Avec la déprime, Kyle jouait les popes et guignait les faveurs de vieilles dévotes orthodoxes.
F1: Avec Fillette aux présences écliptiques, Pheel généreux en guimauves, et NippleLoki ressuscité d’entre les Yankees, on suivit le parcours en gidouille de la manif contre le sida. Die-in dans la neige.
F2: A Bruxelles, en famille, «Gays et envoisiez et chantans». LzMry avait lâché le Coca Light et, peut-être, les migraines, mais non point le grain de folie.
F3: Chez Département SARL, j’étais passé en 7 ans du bureau 420 au bureau 421, chiffre aléatoire qui résumait bien la situation. Plus que quelques heures et tout, ou presque, serait joué. J’avais fait ce que j’avais compté faire, pas de regrets à concevoir; rien ne va plus.

Caramba

December 3rd, 2010

Ne nous le cachons pas, si Freedonia, la primaire des tapas, parle des élections remportées ce dimanche par le cartel nationaliste conservateur Convergence & Union, c’est surtout pour publier tous les logos des nouveaux venus de l’indépendantisme catalan, SI! (Solidarité catalane pour l’indépendance).

Proposé par un ancien patron du Barça, Joan Laporta i Estruch, SI! devait regrouper tous les indépendantistes du cru. La plupart des grandes forces installées: CiU, Gauche républicaine de Catalogne (ERC), communistes virides du pacte ICV-EUA, ont décliné l’offre. Si bien que SI! a fait les fonds de tiroirs (avec des petits bouts de trotskystes, de Verdi-Verdi et de bayrouistes insurrectionnels du coin) avant de faire les poches électorales d’ERC. Les logos des alliés de SI! ont souvent en commun l’utilisation des pals héraldiques et vexillologiques de la province; au-delà, ils sont aussi un bel échantillon de ce qu’on peut faire ces temps-ci comme identité visuelle quand on est de gauche / vert bizarroïde / de la droite molle.

Le logo de CiU, quant à lui, paraît symptomatique d’une époque où l’on ne se foule pas trop (recycler la police linéale bien banale du logo précédent et plagier le petit soleil de la campagne Obama), tout en se gargarisant d’«assumer»: oui, CiU est le faux-nez de la Convergence démocratique de Catalogne et l’Union démocratique de Catalogne n’est qu’un faire-valoir calotin; et oui, la Catalogne est une sorte de grand village-vacances pour les Allemands de Tui.

«Garde-nous simples et gais.»

November 11th, 2010







A1: L’été venu, Mme Gujarat décida d’arrêter son restaurant, après 10 ans de trime. Elle souriait: elle allait pouvoir enfin voir son fils le soir, et profiter de la vie.
A2: Pour un jour seulement, avec Giray, on pouvait se rouler dans les augustes fossés, au bout de la Brie. Averse en soirée, ne pas compter sur les breaks normands pour prendre en stop deux gendres idéaux, mais turcs.
A3: Avec SophCo et Rob, j’avais pris des vacances tarnaises, comme un intermède. C’est le vieux pays de collines et de canicule, de virages et de pâtures, de villégiatures anglaises et de festivals, de crise laitière et de bons hommes.
B1: Puis je me claquemurai dans la banlieue.
B2: Au Monoprix, je croisais les fantômes de camarades de collège. Comme naguère, je fendais la banlieue à vélo; cette fois casqué comme un champignon de Paris.
B3: La nuit, la maison craquait de bruits étranges, je cauchemardais l’intrusion de voleurs. De jour, une voiture empruntait parfois l’avenue.
C1: Arrosage, lessives, piscine, journal! Routines et fuites de mes révisions.
C2: Le lundi, droit, rouge. Le mardi, économie, jaune. Le mercredi…
C3: L’occasion était belle aussi de sillonner les ruelles de Sèvres et Saint-Cloud. Les maisons de rapport étaient devenues des pavillons bourgeois fermés pour l’été, l’usine: un Club Med Gym, le train de banlieue: un tram automatique aux gares à l’abandon. Seul persévérait, tutélaire, lisse, mais louche, le siège social de Dassault.
D1: Le mariage de Piwaï avait était le temporaire dénouement, heureux et classe, d’une longue telenovella.
D2: A la gay pride comme à Breteuil, Pif récriminait contre son travail, la vie, les gens, mais n’en continuait pas moins de pédaler.
D3: Et à Toulouse, summerkisses.
E1: En 2010, on réunit pour les trier les «mandarins de la société bourgeoise» dans un sous-sol de la Défense. Comme un grand parking à élites de la Nation.
E2: Sous la surveillance impitoyable d’un ancien adjudant / imitateur de Chaban-Delmas, ils composent 25 heures.
E3: Avec ou sans eux, «L’Etat peut-il disparaître?»
F1: «Et vous tous! à la file ou confondus en bande / Ou seuls, vision si nette des jours passés, / Passions du présent, futur qui croît et bande / Chéris sans nombre qui n’êtes jamais assez!»
F2: Assez vite, les révisions avaient repris. Foin de solitude banlieusarde, il s’agissait de garder la tête froide et toute une en plein Paris, à proximité immédiate de l’internet.
F3: Emmanuel de Ngroung me menait à pied et nuitamment jusqu’à Sartrouville, et retour. Nippon laissait sa carte, en cas de garde à vue.
G1: Ç’avait été un beau septembre et un plus bel octobre manifestants. Mes parents ne rataient pas une marche; ComitéCentral venait looké; on croisait de la famille, des amis. On se demandait: est-on moins cette fois-ci?; on se rassurait: tu as vu comme on est serrés; on communiait à ce plaisir sans parallèle, une foule qui se reconnaît comme le peuple.
G2: Je fis un petit plaisir à Braouezec en le reconnaissant et succombai au people-spotting au carré VIP du PS. (il a pris du cul Benoît Hamon, non?)
G3: «Embauchez des jeunes et libérez les vieux!»

***

Je suis onomamnésique, peut-être une forme atténuée de prosopagnosie. Mon père est vers le stade 2 (de 5) de la syllogomanie. Ma mère est une mère juive, sauf qu’elle est goy. Ma sœur serait la plus équilibrée d’entre nous, n’était sa paranoïa critique.

***

Avec l’internet, nous nous enlisons dans des conversations de comptoir auxquelles on n’aurait prêté qu’une oreille dans un troquet réel, avant de se replonger dans nos propres pensées; dans l’ignoble du «j’n'en dis pas plus, on se comprend» des haines ressassées et tous-pourristes; dans une sorte de lie de la pensée politique approximative, pleine de raccourcis et de surnoms (Ségolène, Le Facteur, Sarko), grumelée d’équivalences douteuses et de points Godwin; dans une boue de pensée, héritière du courrier des lecteurs du Figaro: ce sont les comments sur les sites de presse et, en tendance, sur Facebook (dès lors qu’on «échange» avec des amis d’amis inconnus).

Plus obscène encore, internet nous livre les pensées des inconnus (et appelés à le rester) sur nous, il nous soumet aux désirs sadiques quoiqu’indécis des petits tortionnaires de harem virtuel. Libérés des bornes de la civilité ou de la simple prudence qu’impliquent le face-à-face, quiconque peut sur internet mentir, confier ses troubles fantasmes, faire miroiter, injurier, tout ramener à soi, mépriser, haïr copieusement, consommer autrui sans autrui: ce sont les tchattes de drague, quelque part entre l’hystérie et Torquemada.

Tout est vrai.

October 26th, 2010

Une liste de choses à faire au plus une seule fois dans vie:
- suivre des leçons de conduite,
- assister à une réunion de copropriété,
- répondre à l’invitation de la secte d’à côté, la Nouvelle Aurore, pour un vernissage,
- se faire embarquer au poste à Manama (Bahreïn),
- aller à un meeting de Sark¤zy et Jean-François C¤pé,
- attendre son tour d’être reçu à la CAF,
- venir pour une réparation au SAV de la Fnac-Forum un samedi après-midi,
- prendre un taxi conduit par un témoin de Jéhovah,
- être promis en mariage à la fille du chef d’un clan Toraja,
- arriver en retard à la consigne de la gare d’Amsterd@m.

Proudly powered by WordPress. Theme developed with WordPress Theme Generator.
Copyright © Freedonia. All rights reserved.