Free a, une fois de plus, suspendu l’ancienne version de ce site. Cette fois-ci, la raison en est, semble-t-il, que je contreviens aux lois sur le droit de la propriété intellectuelle avec la Webradio de Freedonia. Une webradio en écoute simple, s’il est besoin de préciser.
La SCPP (Société civile des producteurs de phonogrammes) a déposé une plainte contre le site pour la diffusion de la chanson d’Etienne Daho supra. Plainte dont je n’ai jamais, d’ailleurs, reçu la notification. Il est vrai que la même SCPP a signé récemment un accord avec le syndicat des webradios, ça existe, sur la tarification de la diffusion de sons de son catalogue. Pour moi, il en coûterait 480 euros (hors taxe) de droits annuels.
Ce qui appelle tout de même trois séries de remarques. La première est que les voies de la légalité sont impénétrables. En l’occurrence, je suis censé avoir été représenté, dans la négociation, par l’association France Webradios. Autoproclamée représentative du secteur, elle réunit (seulement) 15 webradios, les plus grosses: celles qui font, ou pourraient ambitionner à l’avenir de faire, de la concurrence aux radios hertziennes. Du genre, Bides & Musiques (je n’ai jamais entendu parler des autres).
Du coup, les trois forfaits (moins de 5.000 auditeurs-jour, de 5.001 à 20.000, plus de 20.000) et les trois tarifs (480 euros, 960 euros, et 6.097,96 euros HT) sont conçues par et pour elles. Tout ça, en écoute bien sûr, pas en téléchargement, la SCPP n’étant pas folle. Elles se déclarent très heureuses de l’accord trouvé, qui leur permet de prospérer en toute légalité. Je suppose que de plus petites webradios à ambition semi-commerciale (genre, avec bannières de pub) sont tuées dans l’œuf; rien de tel en effet que de se faire débarrasser de la concurrence par le régulateur. Quant au cas de micro-radios comme la mienne, qui ont quelques auditeurs par jour et sans gain quelconque (hors égo), il est hors sujet dans cette négociation — dont je fais pourtant les frais.
Sur le fond, il me semble quand même aberrant de traiter de même manière ma radio et une radio qui retire, peu ou prou, un bénéfice commercial de son fonctionnement. C’est, je crois, comme mettre sur le même plan la musique que l’on passe chez soi (pour quelques amis voire des inconnus de passage) et celle d’une boîte de nuit. Un ascenseur et le stade de France. Un téléchargeur individuel et un contrefacteur professionnel de CD (oups). Probablement, si les choses en restent là, serai-je contraint de donner la seule liste des titres qui figura sur ma radio idéale. C’est ce que je compte faire pour l’instant. Je ne pense pas qu’au passage les auteurs, compositeurs et interprètes (et leurs ayant-droits) gagneront un centime, ni les radios ou webradios une minute d’écoute de ma part; j’aurai juste perdu le droit d’illustrer sur mon site internet une facette de ma personnalité. Cela, malgré l’obscurité que j’ai toujours privilégiée pour lui, malgré sa notoriété très limitée.
Si je pensais, enfin, que mes goûts ont de la valeur (au plan esthétique), je dresserais même un parallèle avec le destin des radios libres après 1981. Le secteur hertzien s’est «structuré», c’est-à-dire qu’à peu près seul ce qui était économiquement rentable, et conçu comme tel, a survécu. Le reste: le local, l’éphémère et l’expérimental, a été balayé par le berlusconisme triomphant. Je ne vois pas exactement l’apport de Bides & Musiques à l’œuvre de Radio Nostalgie, mais j’aperçois bien la similitude de leurs stratégies à une génération de distance. Que l’efflorescence du Net gratuit soit pour sa part, là aussi, stérilisée, et pour ces motifs-là, est bien dans l’air du temps, et cet air n’est pas sain.