«Un haut plateau permanent»
Samedi et dimanche, c’était comices politiques, poignards dans le dos et banquets roboratifs dans les chefs-lieux. Les grands électeurs du Sénat s’assemblaient pour renouveler un tiers des sièges (le Sénat, dans son infinie sagesse et sa mansuétude pour lui-même, a décidé de n’appliquer le passage à 6 ans et au renouvellement par moitié que la prochaine fois).
Dans un panorama assez immuable (cf. les deux radicaux de gauche qui représentent la Corse, les deux radicaux des deux rives qui représentent désormais le Gers, etc.), quelques évènements instructifs: élimination du président sortant du groupe RDSE, Pierre Laffitte, dont j’avais parlé ici, où certains commentateurs croient voir à tort la mort de la gérontocratie (si l’on peut dire); défaite du parachuté élyséen Dominique Paillé (fils spirituel de Douste-Blazy) auprès des Français de l’étranger; recasage réussi en revanche des vieux de la veille, Chevènement, Edmond Hervé & co.
La carte montre la belle progression de la gauche, dans les départements qu’elle a conquis au printemps (Corrèze, Ain) ainsi que pour sur plusieurs sièges créés pour cette élection (même dans les Alpes-maritimes). Le PCF perd son rattaché (ex-PS) des Français des l’étranger mais conquiert un siège dans l’Allier, emporté lors des cantonales. Le RDSE devrait sauver les meubles avec de «nombreux» nouveaux élus PRG, la reconduction de quelques pontes valoisiens genre Montesquiou (sous l’étiquette UMP/Radical), et le rattachement de Chevènement et de dissidents socialistes cassoulet (encore que Plancade, en Haute-Garonne, ait été tenté par un strapontin ministériel d’ouverture et la Gauche moderne qui va avec). Le MODEM ressemble de plus en plus à un tête-à-tête Bayrou / Sarnez.
Avec +25 sièges sur un tiers du contingent, et à seulement 20 sièges de la majorité, la gauche peut désormais raisonnablement espérer un basculement de la Haute Assemblée en 2012. Elle renforce aussi, mais un peu tard, sa minorité de blocage au Congrès.