Freedonia

Mille plateaux

Bientôt, bientôt, se produit un de ces vaudevilles parisiens qui font la Tradition française, une intrigue de palais pour Cortegiani germanopratins, dans le genre campagne pour l’Institut et politique éditoriale de Grasset, un événement attendu des orphelins de la Quatrième, c’est-à-dire, le lectorat de Freedonia, le Rassemblement des gauches républicaines et de la gauche démocratique; à savoir, le renouvellement du Sénat et l’élection de son président.

Sur le premier, on ne peut que louer le conservatisme de ces vieux messieurs qui ont décidé de ne pas modifier leur mode de scrutin (majoritaire dans beaucoup des départements, et dans des collèges électoraux sur-représentant les petites communes), afin d’assurer que le Sénat continue de représenter autre chose que les gens : la patrie, le terroir, les valeurs, l’en-bas, on ne sait pas trop mais quelque chose qui n’alterne pas. Par un tour passe-passé inaperçu, ils ont également, en réduisant le mandat sénatorial à 6 ans (à partir de 2008), prorogé tout le monde d’un an, pour la route. Un an, quand on en a en moyenne 61 — contre 39 pour la nation — c’est le commencement de l’éternité et la garantie qu’on peut devenir encore plus sage.

La sagesse n’est d’ailleurs pas la qualité qui manque le plus au président Poncelet, en dépit de la fréquentation assidue, jadis, de sa secrétaire — à qui la mansuétude qui double sa sagesse avait fait trouver un job aux P&T — et, plus récemment, de Christophe Lambert et de mafiosi roumains. 80 ans au compteur, le sénateur des Vosges n’a pas l’intention de décrocher, en dépit de la rude concurrence qui pointe son nez: Jean-Pierre Raffarin, sur une ligne de synthèse entre l’humanisme luc-ferryien, l’almanach Vermot, et la critique bidon du pouvoir en place; l’ancien sous-ministre des jaunes, Gérard Larcher, candidat dudit pouvoir; et probablement un ou deux traîtres centristes (tautologie) en embuscade.

De fait, comme le montre le camembert, la majorité est déjà relative pour l’UMP. En dépit de la mitigation par le mode de scrutin des résultats «vague rose» des dernières municipales, cantonales et régionales, la gauche va progresser en septembre. Le centre pourrait alors vendre au prix le plus élevé son soutien.

Juste pour la route, je veux dire que je trouve très sénatorial le président du groupe radicalo-radical RDSE Pierre Laffitte. Quelque chose entre le vieux beau et le cabotin de théâtre sur le retour, sur le retour depuis assez longtemps. J’aime tout de lui : son sourire faux comme une photo Harcourt; sa cravate motif dégueulis offerte par Edgar Faure au banquet radical de 1978; la rosette obtenue à sa troisième réélection à la présidence de l’Association franco-allemande de la science et de la technologie ; les lèvres jouisseuses qui me font penser à la menace de la manif de prostituées de 2002, devant le palais du Luxembourg, de révéler la liste des clients. M. Laffitte est sénateur depuis 1985. Ne change pas, je t’aime comme tu es mon biquet.

Dans un fauteuil.

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One Response to “Mille plateaux”

  1. Freedonia » Blog Archive » «Un haut plateau permanent»

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