Fausto, t’es l’plus beau!
Les médias mainstream se gargarisent un peu partout de la «bipolarisation» du système partisan italien. Mes amis s’en lamentent. Certes, plusieurs formations héritières nominales de grands courants historiques, socialistes, Populaires, communistes, n’ont plus désormais aucun parlementaire. Les radicaux et les républicains ne sont reconduits qu’en douce et à un niveau presque complet d’insignifiance (abstraction faite évidemment de leur beauté comme concepts); ils figuraient discrètement sur les listes de leurs alliés traditionnels.
Il faut cependant, derrière l’apparente «simplification du paysage politique italien», repérer trois choses :
- la dépendance épineuse des grands partis à leurs petites forces d’appoint reste vivace même si elle est désormais concentrée dans chaque camp, comme le prouve la surenchère de la Ligue du Nord dès la formation du (énième) gouvernement Berlusconi. La Ligue, vraie gagnante du scrutin (et du mode de scrutin), a triplé sa représentation, recueillant parfois un tiers des voix au Nord du pays, faisant jeu presque égal avec le PDL en Vénétie. Même remarque à un moindre degré pour le Mouvement pour l’autonomie, l’alter ego sicilien de la Ligue du Nord ; et surtout au centre-gauche pour la Liste Di Pietro, dont le très bon score la rend difficile à ignorer pour le Parti démocratique. Il faudra aussi surveiller du coin de l’œil l’Union du centre, qui sans allié pour les apparentements, et contrairement à un Bayrou par exemple, résiste fermement.
- certes, en dépit d’un bon point cravate pour Bertinotti et de mes prédictions nases, la Gauche-l’Arc-en-ciel, (la coalition de la «gauche de gauche», rassemblant les refondateurs communistes, les communistes italiens, les Verts* et les Lienemannisti) est exclue du Parlement italien — cette fois-ci. Personne, à l’exception de la Ligue du Nord — qui récupère à son profit une part du vote protestataire dans le Nord — ne se réjouit de les croire définitivement out, et il semble pour l’heure peu sérieux de dire que le PD pourra, à l’avenir, à lui seul rassembler toute la gauche. (Il faudrait d’ailleurs qu’il soit à gauche…) Si la Gauche paye chèrement la volatilité de son soutien à Prodi, son étiage s’établit à 3%, pas loin de la barre d’éligibilité (4%), et au tiers environ des votes recueillis en 2006.
- le sens esthétique inné des Italiens appelle la renaissance rapide, par parthénogenèse, de nouveaux partis, de nouveaux logos, de nouvelles sous-scissions.
* à ne pas confondre avec les ex- Verts-Verts. Pour répondre à une question de ComitéCentral, les Verdi Verdi semblent toujours exister mais comme une organisation en sommeil. Condamnés à changer de nom par l’absence d’humour et de sens du partage des Verdi (tout court), ils continuent de préparer la révolution écologique sous le nom pourrax et clairement dextrogire de L’Environnementa-Liste – Ecologistes démocrates (Ambienta-Lista – Ecologisti Democratici) ; il suffirait d’une étincelle pour qu’ils s’emparent du pouvoir, et le rendent immédiatement à ses légitimes détenteurs, les ours qui saluent et les soleils qui se marrent.
Tags: camemberts, Italie
April 24th, 2008 - 12:36 am
De cette désolation tu as su faire quelque chose de beau. Il vit que cela était bon et dit : Tout est bien. Allez, maintenant.