Lasciate mi cantare
L’aspect positif de la désertion du lectorat de Freedonia, l’interface des seniors, voire à la rigueur de mon isolement, c’est que personne ne râle plus quand le blog ne se remplit pas, et qu’on n’a pas à fournir de raison.
En Italie, l’usine à logos, la fabrique d’acronymes, et la manufacture de partis politiques neufs avec des bouts de vieux ont été relancées par la dissolution prématurée (?) des Chambres. D’aucuns ont prétendu que le refus des deux «grands partis», le Parti démocratique au centre-gauche (qui rassemble les ex-Démocrates de gauche et feue la Marguerite) et le Peuple de la Liberté à droite (qui fédère Berlusconi, Fini et leurs amis) de faire comme en 2006 deux giga-apparentements couvrant tout le champ politique, devait ouvrir les chemins du bipartisme et faire table rase de la biodiversité politique antérieure. En réalité, si l’on excepte l’UDEUR qui a déclaré forfait, le Parti socialiste (tout court, ni Nuovo, ni Democratico; il s’agit en effet du PS tout juste recréé sur les cendres des Socialisti democratici, des Socialisti Italiani de Bobo Craxi, des michelistes, et d’autres gars qui passaient par là), la plupart des formations présentes jusqu’ici dans les Chambres devraient y rester, souvent sous la même étiquette.
Elles ont en effet opté pour l’une des quatre solutions suivantes:
- la pré-fusion de la droite dans le PDL, mais non finalisée juridiquement (contrairement à celle du Parti démocratique). Les malheurs actuels de Bayrou avec la near-death-experience de l’UDF, prouve que tout est toujours possible, ou le devient, en termes de résurrection de partis centristes à la con. Causes possibles: rivalités de personnes, choix malencontreux d’affiliation européenne (Berlusconi veut désormais le PPE, après avoir lui-même contribué jadis à la naissance des DE), qui pourrait également compliquer la vie du PD (PSE ou PDE?).
- l’apparentement quand même: il permet aux troupes de Di Pietro et de Bonino à gauche, et aux Léguistes et Républicains à droite, de sauver leur peau. On le voit, le mariage de la carpa et du lapino politiques continuent d’avoir l’avenir devant lui.
- le mini-cartel de survie: Gauche / Arc-en-ciel à gauche de la gauche (y compris les mélenchonisti qui sont parti des DS au moment de leur fusion au centre), Droite / Flamme tricolore pour la «droite sociale» (ça veut dire fasciste), et Union du Centre pour l’UDC et ses ex-dissidents de la Rose blanche — la dissolution a, en l’occurrence, apparemment pris la dissidence de court.
- le régionalisme, qui assure vaille que vaille la survie locale.
Parmi les nouveautés graphiques, on relèvera le joli logo de la Sinistra, qui reprend un peu à son compte, d’une part le drapeau PACE, d’autre part l’iridescence de l’Unione. Le PD fait simple, massif, cocardier et donc assez moche ; alors même qu’il y avait plein d’autres possibilités. La Destra pompe sans vergogne l’emblème des Tories et de la ND grecque (qui l’avaient eux-même probablement piqué à Mussolini, donc ça reste en famille), et Sinistra critica celui de l’ultra-gauche portugaise. Côté onomastique, on remarquera l’énième changement des berlusconistes, toujours à la recherche de la meilleure métonymie pour désigner une alliance de droite («pôle» puis «maison» puis «peuple»), ainsi que le pastiche par Rosa bianca du sous-titre de l’ex-Marguerite. L’UDC profite de l’occasion pour changer de nom sans changer d’initiales, mais sans oser non plus raviver le nom de Démocratie chrétienne ; s’assurer l’usage exclusif du vieux logo et les indulgences prioritaires du Saint Père continue de lui suffire.
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