Freedonia

«A part of it.»






A1: Avant de partir, il y avait eu un dîner de viande près des Champs, quelque chose de suranné, modianesque.
A2: A New York, beaucoup de choses ont changé en 9 ans, de nouveaux gratte-ciel, l’éclairage du métro, l’ostentation vestimentaire. Pourtant, on reste saisi par les deux odeurs: pourriture neuve et vieille poussière, qui demeurent le corps et l’âme de la ville.
A3: Séb H s’ennuie un peu, ne se sent pas une vocation de «casque bleu». Alors il soulève des haltères et relit des écrivains morts.
B1: Midtown, je revois les belles choses aimées, les musées, je longe sans fin et sans lassitude les buildings. Aucune comparaison (San Francisco? Londres? Chicago peut-être?) ne rend justice à l’élégance propre des hauteurs de Manhattan, les brownstones enjolivés, les HBM néo-Tudor, Park av. surélevé près de Grand Central, les tours immenses et indépendantes. Quelque part entre Gotham City et les visions de Koolhaas.
B2: Le canyon urbain est vertigineux, ou suffoquant. Comme réalité physique et comme théâtre social.
B3: Aussi, Nath H organise-t-elle méthodiquement leur vie expatriée.
C1: Et Downtown, les derniers restes d’inquiétante et vivante urbanité, ex-abattoirs, ateliers chinois, parcs à junkies, l’arrière-plan de «Pink Narcissus» ou «Baretta», ont été méthodiquement balayés. L’underground, le sordide, le transgressif sont aussi introuvables qu’au Quartier latin.
C2: Alors on mange des sushis chics.
C3: Et l’on songe aux décadences d’antan, le bowling privé de Frick, les marins à l’ancre de Chauncey, la ville en faillite d’Ed Koch.
D1: Sans lucidité, je comptais beaucoup sur la nightlife et les garçons de New York. Peut-être parce que 1999 avait eu quelque chose d’inabouti, d’enfantinement romantique, tout dominé par «Tricks» et l’ambiance no-sex du Big Cup.
D2: Mais si beaucoup d’endroits sont sympathiques, et s’il est facile – en Amérique en général – de nouer langue…
D3: … les Américains sont plus puritains qu’ils ne se l’avouent. Au fond, ils veulent des calins.
E1: Alors, j’ai samplé le comfort-food: pastrami et cheesecake.
E2: Dix jours sans temps mort et sans hâte, où l’éloignement, la vacance et le taux de change interdisent d’épiloguer sur rien.
E3: Au retour, on retrouve tout intact, fossilisé: maison, collègues, solitude, impasse professionnelle.
F1: Après, pendant que les TBS géraient les Mort aux Jeunes futures en orfèvres, soupesant interminablement le pour et le contre, la droite se prenait une déculottée et Bachelot foirait son brushing. Amiens: ouais! Toulouse: wouhouh! Puis vers 21 heures, on exulta prématurément de la défaite de Tiberi.
F2: «Mais?! C’est le professeur de géométrie du ‘Collège fou, fou, fou’!»
F3: Vers 23 heures, mon éphémère amoureux communiste de la veille apparut sur le décrochage régional de FR3.

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