Freedonia

Les lisières

BoxingBoy, de retour à Paris, compense un an d'expédition abstinente et de branlettes adolescentes dans le delta.Dans un autre «café de la jeunesse perdue», j'enchaîne les vodkas-martini avec François B2 et son humour opportuniste.ComitéCentral, effaré d'un brainstorming anglophone et américainement euphorique, poursuivi par les Brigitte kafkaïennes de l'UNEDIC, m'en veut quand au centième «Je suis tellement amoureux de David», je réponds qu'il casse les couilles du monde.
Je ne sais plus pourquoi, revoir Madame Gujarat et qu'elle se souvienne de moi, me dire du bien du vendeur de kebabs de ma rue, m'a rendu profondément heureux.Crame surmonte l'hostilité de la foule beauf-funk du Palladium, survole de sa classe tropicale une soirée au Triptyque, et s'envole pour un ennui latino contre-intuitif mais programmé.Et en Ruritanie, tout le monde murmure en gloussant: «mais tu ne le diras pas sur Freedonia, hein?»
Après 15 mois en Ruritanie, je m'y sens enfin un peu en confiance, et un peu aimé.Chaque fois que j'explique mon métier et mon expatriation, il devient un peu plus clair que je ne pourrais pas faire la même chose pendant toute ma vie, même à un meilleur niveau de responsabilité.La voie de sortie est unique, simple et terrorisante.
Tout ce Nowël a été dans l'épure, temps glacé, courses de dernières minutes aux grand'magasins, FakeMannequin:Action qui fait une indigestion de famille et d'huîtres...... tandis que, sur le temps inexorable, je remporte d'une année sur l'autre au déjeuner du 25 une victoire, sur la mort, les calories, la morosité, et le syndrôme «Tatie Danielle».Parallèlement: toujours la recherche absurde du sexe d'occasion. Pour ma résolution n° 1 de 2008, chacun y va de son conseil: «la cocaïne!», «à mon avis si tu utilises la cocaïne pour ça tu vas devenir addict», «il faut être en confiance».
Gracq meurt alors que justement je lis, un peu par hasard, «la Forme d'une ville», un livre sur son enfance, sur la déambulation urbaine, sur Nantes, sur le temps qui passe enfin, comme Proust ou malgré Proust («J'admire, mais je ne sais pas si j'aime ça»).Un rythme de langue pythonique, une démarche sybilline, qui rendent manifeste le lien avec Debord et la «dérive», avec Modiano et ses «zones neutres».Du coup, j'ai vu aussi son visage classe et pas commode dans le journal, qui m'a fait penser à l'archétype de l'élégance correcte - tellement normale qu'elle en devient menaçante: Cary Grant.

Je m’interroge beaucoup sur ma consommation en ce moment, sur la «compensation carbone». Matthieu DC dit qu’il est contre, que c’est l’achat des indulgences, une manière catho de ne pas régler le problème tout en se dédouanant. Mon père dit que les petites mesures de contrainte ne marchent pas, qu’il faut matraquer une bonne fois la gueule des capitalistes, ce qui renvoit à la discussion des derniers temps avec Xavier Prière-social-démocrate, sur les moyens d’un rapport de forces et sur les modalités de l’exercice du pouvoir.
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A1: BoxingBoy, de retour à Paris, compense un an d’expédition abstinente et de branlettes adolescentes dans le delta.
A2: Dans un autre «café de la jeunesse perdue», j’enchaîne les vodkas-martini avec François B2 et son humour opportuniste.
A3: ComitéCentral, effaré d’un brainstorming anglophone et américainement euphorique, poursuivi par les Brigitte kafkaïennes de l’UNEDIC, m’en veut quand au centième «Je suis tellement amoureux de David», je réponds qu’il casse les couilles du monde.
B1: Je ne sais plus pourquoi, revoir Madame Gujarat et qu’elle se souvienne de moi, me dire du bien du vendeur de kebabs de ma rue, m’a rendu profondément heureux.
B2: Crame surmonte l’hostilité de la foule beauf-funk du Palladium, survole de sa classe tropicale une soirée au Triptyque, et s’envole pour un ennui latino contre-intuitif mais programmé.
B3: Et en Ruritanie, tout le monde murmure en gloussant: «mais tu ne le diras pas sur Freedonia, hein?»
C1: Après 15 mois en Ruritanie, je m’y sens enfin un peu en confiance, et un peu aimé.
C2: Chaque fois que j’explique mon métier et mon expatriation, il devient un peu plus clair que je ne pourrais pas faire la même chose pendant toute ma vie, même à un meilleur niveau de responsabilité.
C3: La voie de sortie est unique, simple et terrorisante.
D1: Tout ce Nowël a été dans l’épure, temps glacé, courses de dernières minutes aux grand’magasins, FakeMannequin:Action qui fait une indigestion de famille et d’huîtres…
D2: … tandis que, sur le temps inexorable, je remporte d’une année sur l’autre au déjeuner du 25 une victoire, sur la mort, les calories, la morosité, et le syndrôme «Tatie Danielle».
D3: Parallèlement: toujours la recherche absurde du sexe d’occasion. Pour ma résolution n° 1 de 2008, chacun y va de son conseil: «la cocaïne!», «à mon avis si tu utilises la cocaïne pour ça tu vas devenir addict», «il faut être en confiance».
E1: Gracq meurt alors que justement je lis, un peu par hasard, «la Forme d’une ville», un livre sur son enfance, sur la déambulation urbaine, sur Nantes, sur le temps qui passe enfin, comme Proust ou malgré Proust («J’admire, mais je ne sais pas si j’aime ça»).
E2: Un rythme de langue pythonique, une démarche sybilline, qui rendent manifeste le lien avec Debord et la «dérive», avec Modiano et ses «zones neutres».
E3: Du coup, j’ai vu aussi son visage classe et pas commode dans le journal, qui m’a fait penser à l’archétype de l’élégance correcte – tellement normale qu’elle en devient menaçante: Cary Grant.

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