Moulés à la louche
En Pologne, une droite catholique chasse l’autre, la différence étant apparemment dans l’europhilie et le style. En dépit du cartel monté par Droit et Justice avec une myriade de groupuscules conservateurs, il passe derrière la Plate-forme civique qui a noué à l’issue des élections un accord avec les paysans centristes (enfin, au sens polonais de centriste, qui me semble bien loin de Lecanuet et Robert Fabre).
Dans l’opposition, le relookage de la Ligue des familles (LPR), ses alliances – comme celles d’Autodéfense – avec tout ce que l’extrême-droite locale compte de leaders maxime ne l’empêchent pas d’être sortie de la Chambre. A gauche, l’«olivier» socialistes/centre stagne – la faute probablement au logo en dégradé digne d’une compagnie coréenne de téléviseurs.
En Suisse, pas de changement de coalition puisque la «Formule magique» assure depuis jadis que les quatre premiers partis siègent ensemble au gouvernement, ce qui assure selon les points de vue le consensus ou la banalisation idéologique. L’Union démocratique du centre (qui n’est rien des trois, puisque son caudillo, C. Blocher, intrigue désormais pour se débarasser des représentants de la «vieille grde», jugés trop mous) renforce sa position de premier parti suisse. Au terme d’une débauche d’affichages à la xénophobie racoleuse – le financement des partis politiques est peu encadré, dans un pays qui ne brille d’ailleurs pas par sa transparence financière – l’UDC recueille le meilleur score jamais enregistré, tandis que sa nemesis du PS fléchit (son propre durcissement de ton n’a pas payé, lui).
A noter, côté logos, l’horreur Gruyère du soleil-levant de l’UDC, et l’épatant nouvel emblème genre Musée de Tokyo du PRD. Presque trop beau dans un métier où décidément les grosses ficelles sont les plus efficaces.
Au Royaume de Danemark enfin, la droite xénophobe et anti-musulmane continue de progresser; il y a quelque chose de pourri. La majorité de droite, qui a géré le «miracle» économique danois et le ratiboisement du progressisme se tasse mais conserve le pouvoir d’un siège (avec le soutien sans participation du même Parti du peuple danois). Le pari du libéral non-raciste Naser Khader, avec sa Nouvelle Alliance, n’est qu’à moitié gagné: il rentre bien à la Diète mais pas en nombres insuffisants pour proposer une coalition alternative au Premier Anders Fogh Rassmussen.
Ici comme ailleurs en Scandinavie, les partis utilisent assez systématiquement comme symboles un binôme couleur / lettre – la lettre à cocher sur le bulletin de vote, souvent déconnectée de tout sens propre. A relever aussi la même confusion que dans la langue anglaise des mots «gauche» et «libéral», Venstre («gauche») désignant du coup deux partis depuis longtemps devenus de droite.
Tags: camemberts, Danemark, Pologne, Suisse
September 20th, 2011 - 1:06 pm
[...] d’assurer un peu de suivi, voici les résultats des législatives danoises, emportées par le Bloc rouge. On observe plus un [...]